J'ai peur qu'il soit suffisamment notoire que j'aie une forte tendance à abuser des effets d'annonce. "Je vais me mettre à la guitare" (très faiblement vrai), "je vais suivre ce cours qui a l'air super intéressant" (entendu avant le début du deuxième semestre de DEA), "je vais me lancer dans le show-biz" (récurrent depuis plusieurs années...), ou plus récemment: "je vais me faire couper les cheveux"... Je ne sais pas si certains y ont cru, mais pour vraiment essayer de me couper toute retraite (c'est sans doute la motivation principale de toutes les annonces précédentes, d'ailleurs...), je l'avais raconté à (à peu près, il s'agit aussi de jouer sur l'effet de surprise) tout le monde.
Sans minime ire
Après avoir discuté avec Minako à Paris, j'avais fini par fixer mon choix quant à la future coupe. Ce qui ne m'a pas empêché d'en faire des cauchemards toute la semaine dernière. D'hésiter et re-hésiter, de consulter avant de finalement craquer pour le salon auquel j'étais allé en janvier, et prendre un rendez-vous du jour (vendredi) pour le lendemain (samedi, donc). Je vous laisse juge du résultat. Au vu des diverses réactions, je ne regrette pas trop.
Pour en arriver là, il m'aura tout de même fallu patienter 3h30!! Faire une permanente, ça prend un max' de temps, mais comme il y a toujours quelqu'un pour vous faire la conversation ou s'occuper un peu de vous, ça passe finalement assez vite. Et puis j'ai même eu droit à un petite tremblement de terre au milieu de ma pose de bigoudis, ça met de l'animation. C'est au passage le deuxième en une semaine, alors que nous n'en avions plus eu de vraiment sensible depuis au moins 6 mois je crois... Le salon dans lequel je vais, Taya à Harajuku, a en plus une disposition des miroirs s'arrêtant au niveau du torse qui donne d'intéressantes perspectives. Je regardais en fait mon téléphone, et n'avais pas de magazine dans les mains... Le plus drôle étant quand c'est une femme qui se trouve de l'autre côté: de mon point de vue, la séparation se fait au niveau des genoux, et je me suis plusieurs fois retrouvé affublé d'une mini-jupe et de hauts talons... peut-être une prochaine expèrience à tenter?? Le salon semblant vouloir vous faire essayer toutes sortes de travestissements, une panoplie de Lawrence d'Arabie est comprise dans le prix. J'ai d'ailleurs failli dans ma tentative d'explication de cette référence à la jeune fille qui se trouve derrière moi sur la photo.
J'ai ensuite retrouvé en début de soirée Charly et Matthieu à Shibuya pour un deuxième dîner ensemble après une soirée géniale la veille du côté de Kabukichô: j'avais proposé d'enfin suivre le conseil de Jean-Christophe Blum, un ami normalien cinéphile qui avait craqué en août dernier pour un mini (c'est un euphémisme) bar du côté de Golden-gai, appelé "la jetée", en hommage à Chris Marker. Nous ne fûmes pas déçus! Le quartier de Golden-gai est en lui-même incroyable, des rues minuscules remplies de bars encore plus petits, nichés au sous-sol comme à l'étage, dans des batiments de style ancien. Je n'avais pas pris l'adresse, mais nous avons fini par trouvé après avoir demandé notre chemin à l'entrée du quartier: "vous prenez la ruelle là, puis c'est la deuxième ruelle à droite, le cinquième bar à droite, au deuxième étage"... Ca s'annonçait bien. Effectivement, nous tombions sur une porte marquée d'un "jetee" imprimé sur du papier A4, celle-ci donnant sur... un escalier! En haut, une porte s'entrouvrant sur une pièce de 4 mêtres sur 2, un comptoir pouvant accueillir 4 à 5 clients, une table pouvant en accueillir 5 autres, dans le genre intimiste! L'atmosphère est incroyable, comme me l'avait dit J-C: on boit entouré par des bouteilles signées "Hou Hsiao Hsien", "Wong Kar Wai", "Jia Zhang Ke", pour ne citer que ceux qui étaient à ma gauche. A discuter avec la patronne, on apprend qu'ils passent de temps en temps, quand ils sont à Tokyo pour présenter un nouveau film. Comme le faisait Tarentino lors du tournage de Kill Bill... Profitant des dernières places autour de la table, nous nous retrouvions assis à côté d'un couple avec qui nous nous sommes mis à papoter sans discontinuer. Elle est prof d'université, spécialiste de cinéma et de psychanalyse, et parle couramment anglais, ce qui a facilité sa conversation avec Matthieu, arrivé la veille de France et dont le papa est psychanaliste... Lui est traducteur de films français en japonais, et va tous les ans en France pour assister à des festivals. On a vraiment passé une soirée extra, Matthieu résistant jusqu'au bout à la fatigue du décalage horaire, et découvrant le concept de "capsule hotel" guidé par Charly. Je rentrais de mon côté à pied, soit tout de même plus d'une heure de marche, suivant mon vague plan et demandant de temps en temps mon chemin, pour finalement tomber après un dédale de ruelles pile en face de mon internat! Je pourrais en tirer une certaine fierté quant à mon sens de l'orientation si un employé de chantier ne m'avait pas expliqué au début de mon périple que ce que je croyais être l'ouest était en fait le sud.