Il faut bien (se) l'avouer un jour, ce que je fais ici et maintenant: j'ai un faible pour les films à l'eau de rose... Attention! Pas n'importe lesquels! Plus particulièrement les versions coréennes et chinoises de ces éternels classiques du cinéma que sont les comédies sentimentales (si ce sujet ne vous intéresse pas, vous pouvez sauter 2 paragraphes...). Evidemment, je ne vous parle pas de ça comme ça sans un évènement déclencheur. Il se trouve que j'avais fait l'acquisition à Pékin de quelques DVDs sur le conseil avisé de Hyo Kyung (qui est Coréenne, comme son nom devrait vous l'indiquer), et que j'en ai regardé deux à deux jours d'intervalle. Le premier est vraiment stupide, dans la vraie veine du cinéma Hong-kongais populaire (pas celui que vous voyez en France, évidemment: le cinéma asiatique présenté en France est assez marginal, à de très rares exceptions près, comme "Tigre et Dragon", "In the mood for love" ou encore "Hero". En gros ne nous arrivent que les films "artistiques" ou "intello", certainement pas les comédies, pourtant fort distrayante et le plus souvent complètement déjantées/folles/absurdes/délirantes), et plus récemment, donc, de la "comédie à la coréenne". J'ai un peu honte de citer le titre anglais, qui n'est sans doute pas officiel mais celui donné par les sous-titreurs de mon DVD: "Sex is zero". Moi aussi, j'ai eu très peur. Et, ma foi, il y avait de quoi. Mais la romance était néanmoins charmante et rattrapait les gros gags...
Le deuxième, que j'ai regardé hier, était déjà bien plus présentable, hélas je ne dispose pas du titre occidental (si jamais il existe). C'est en gros l'histoire d'un mec (jusqu'ici...) qui va d'échecs en revers, de déconvenues en problèmes. Il fut un jour champion (du monde?) junior de golf, mais sa vie a ensuite basculé (on ne sait pas trop pourquoi au début), et il est maintenant trader malchanceux. Roulant dans un tunnel, un type en voiture de sport lui fonce dessus, ils s'évitent de justesse: ce type est sa copie conforme, mise à part une coupe de cheveux peroxidée... Il se prend tout de même le mur, et se réveille dans un parc, dans une autre vie: la sienne, ou presque, car il est là immense champion de golf, mais aussi un beau salop, qui trompe sa femme (jouée comme dans le film précédent par la charmante Lim Chang-Jung), est inbuvable, etc... Evidemment, le "lui" du début, malmené par la vie, est beaucoup plus sympa, et va ("re-"?)conquérir "sa" femme, affronter un pseudo-Tiger Woods alors qu'il n'a plus touché un club depuis 13 ans, etc, mais devra rentrer dans sa vie passée après tout ça... Une bien belle histoire, j'en suis encore tout "doki doki". Ils sont forts ces Coréens.
Revenons à un propos un peu plus tokyoïte. Je dois tout d'abord faire part d'un "erratum". Je me suis rendu compte d'une assez grossière erreur autour du concept de "donkey hotel", le grand magasin ouvert 24h/24. J'espère que vous voudrez bien me pardonnez, considérant qu'il était facile de se fourvoyer. Je m'explique: le nom de ce magasin est en japonais "do-n ki-ho-te" (prononcer "don kiroté"). La séparation entre le "don" et le "kirote" n'étant pas très claire sur l'enseigne, et la chanson du magasin faisant une pause entre "don ki" et "roté"... J'avais donc traduit (bêtement) en "donkey hotel". Il fallait évidemment lire "Don Quichotte"!! Hélas, en français cela ne se prononce pas du tout comme ça, et les Japonais empruntant toujours la prononciation de la langue d'origine, vous comprenez mon erreur. Maintenant, pourquoi diable appeler un grand magasin "don quichotte"??? Certes, ce n'est pas beaucoup moins adéquat que "donkey hotel", mais tout de même.
Vous l'avez peut-être lu dans votre journal ce matin, Tokyo a été touchée par un séisme de magnitude 5.3 cette nuit. Ca m'a réveillé, et c'est toujours assez stressant, surtout que ça dure assez longtemps. Rassurez-vous, pas de blessés ni de dégats. Je me demande néanmoins ce qu'un tel séisme provoquerait à Paris... En tout cas, la lecture du "Monde" ne donne pas vraiment envie de venir habiter à Tokyo: à chaque séisme, la dépêche se termine par la même phrase: "Le Japon est au confluent de quatre plaques tectoniques, avec des milliers de secousses chaque année, et sa capitale, Tokyo, est susceptible d'être frappée par un méga-séisme à n'importe quel moment." Flippant... Si vous voulez surveiller les cartes des séismes japonais, je vous conseille ce site très complet, où vous pouvez remonter dans le temps avec le menu déroulant au centre en haut. A noter que sur la gauche vous pouvez avoir accès aux rapports de Tsunami, typhons et autres réjouissances de l'archipel, ou tout simplement aux prévisions météo, avec probabilités de pluies, temps de séchage du linge mis à l'extèrieur...
Puisque nous en sommes à parler de la pluie et du beau temps, je vais en profiter pour faire quelques envieux. Je discutais la semaine dernière avec Li Yang, l'un des ex-serveurs du Bla-bla-bar de Pékin, qui me disais qu'à Pékin il avait neigé et faisait très froid (autour de zéro j'imagine). Cela tombait justement la veille du fameux samedi 08, où à Tokyo il a fait... 24 degrés!!!!! C'est vraiment incroyable comme temps... Certes, on a de la pluie un jour sur deux, à verse, mais il fait globalement assez bon, il faisait encore 17 degrés hier... Et à Paris?? (nyark nyark...)
Lundi dernier, je suis allé (seul) à un concert de rock indépendant (J-indies pour Japanese indies...) juste à côté de chez moi, dans le quartier très branché de Shimokitazawa (dont vous savez déjà qu'il convient de l'appeler "shimokita"...), au club "Shelter". Pourquoi ce club, pourquoi ce lundi? Un membres de mon cercle (que je ne connais pas, au demeurant) devait y jouer, avec d'autres groupes. J'ai beaucoup aimé le premier groupe, "under the counter": débordants d'énergie, un chanteur-guitariste plutôt bon, exactement le style de musique que j'aime, et une étonnante batteuse qui m'a beaucoup impressionné. Rajoutez à cela qu'ils sont simples étudiants à la fac, et vous êtes conquis. J'aimerais vraiment avoir l'occasion de les imiter! Juste un mot sur le fait qu'il s'agissait d'une batteuse et non d'un batteur: un nombre incroyable de filles jouent de la batterie au Japon, il y en a au moins 3 dans mon cercle, et alors que j'accompagnais mon ami de Pékin Kousuke dans un magasin de batterie de Shinjuku, les deux autres clients en train d'essayer des baguettes étaient des demoiselles! 1m55 maxi, mais une frappe sûre. Me trompé-je ou est-ce un phénomène qui n'est pas encore arrivé en France?
Kousuke était donc de passage à Tokyo pour une semaine! Kousuke, pour vous resituer un peu, est batteur dans 2 des groupes d'étudiants étrangers de Pékin, "920's" et "Nao Mayuneze". Il est originaire d'Osaka, mais sa petite amie Fumi habitant Yokohama, il est venu du côté de Tokyo. Nous avons passé la soirée de mercredi soir dans un izakaya (resto japonais...) de Shinjuku, avec sa copine et 5 amis à lui. A noter que le plafond était particulièrement bas, environ un demi-étage à la John Malkovitch... Après le départ de Fumi, nous nous retrouvâmes donc à 6 mecs, et je n'oserai pas vous rapporter les sujets de conversations qui ont émergé. (Sébastian se rappelle sans doute d'un repas à Uotaro où nous avions pu constater à quel point nos amis Japonais pouvaient parler de sujets "crus" sans sourciller le moins du monde, nous empêchant totalement (ne parlant pas japonais à l'époque) de soupçonner que la conversation puisse être d'une telle teneur, avant qu'Oka nous fasse une traduction.) Nous quittâmes l'izakaya aux environs de minuit pour aterrir dans un resto de "raamen" (nouilles...). Je les quittai alors pour attraper le dernier train, les laissant à la recherche d'un hôtel pour la nuit. Revenant à pied depuis Shibuya, je passai devant la station de train de Komaba endormie, lumières et distributeurs de boissons éteints... et se réveillant de concert à mon passage! J'avoue, j'ai sursauté.
Mais revenons aux Raamen: mes voisins de bureau Tadokoro-san et Itou-san m'ont enmené dans un restaurant assez étonnant. Si vous souhaitez être seul, que vous êtes timide ou asocial, ce lieu est fait pour vous. Je m'explique. Vous commencez, comme dans la plupart des resto de Raamen, par payer votre repas à un distributeur automatique à l'exterieur. Vous entrez, et voici ce que vous voyez. Un tableau des places disponibles! Quand une place clignote, vous vous y dirigez, et il n'est pas prévu que vous mangiez en groupe, à moins que des places contigües se libèrent... Itou-san a donc mangé seul, et Tadokoro-san et moi avons heureusement trouvé des places côte à côte, il pouvait ainsi m'expliquer le fonctionnement de l'endroit. Vous vous retrouvez seul dans un box, et vous ne pouvez voir qu'une partie très réduite des serveurs en "face" de vous... Estimez-vous heureux, cela ne va pas durer. Après avoir rempli un mini-questionnaire concernant la teneur en piment, la quantité de viande et la grosseur des pates que vous désirez (c'est très précis), on vous apporte votre bol, et ... on laisse pudiquement retombé le voile sur votre repas. Comme vous pouvez le voir, ce n'est pas hyper convivial (c'est moi de dos!), mais c'est très bon, comme le confirme Tadokoro-san.
Hier, comme il faisait (très) beau et qu'en plus la prof de japonais venait de nous dire que la nature était dans sa plus belle période de l'année, tout particulièrement dans les environs du campus de Hongo (celui où j'ai des cours de japonais, près de Ueno, Akihabara, etc... autant de quartiers célèbres), j'ai décidé à la sortie du cours d'aller me balader. Il y a notamment un très joli parc juste à côté du campus, que je fréquente trop peu (le parc...). Je décidai donc de le mettre sur mon chemin vers Akihabara et ses magasins d'électronique moins poétiques. Grand bien m'en pris, les canards, pigeons, mouettes, corbeaux étaient au rendez-vous, étonnament peu farouches, et l'arbre de noël-sofitel voisin en était presque embelli (mon prof m'a raconté que cet hôtel appartenait au départ à un moine qui en avait fait un endroit très bon marché, voire plutôt loqueteux: il a depuis été transformé en hôtel de luxe...). Des personnes agées viennent y nourrir tout ce petit monde, d'autres y lire le journal dans une position, ma foi, intéressante et ingénieuse... De retour à Shibuya, je tombais sur un podium installé pour présenté le nouveau parfum ... Hello Kitty... avec tirage au sort et cadeaux distribués, et un beau succès.
Je terminerai par une petite remarque sur la façon dont on mène une conversation en japonais. Un point très important est le "aizuchi", en gros le fait de dire des mots d'encouragement au milieu du discours de son interlocuteur. Je m'explique. Vous vous engagez dans le récit d'un évènement. Plutôt que de vous laissez partir en solo, la personne qui vous écoute vous accompagne gentilment avec force "ah bon?/!", "n'est-ce pas?/!", "en effet!", "vraiment?", à chaque fois que vous laissez un blanc. C'est assez surprenant au début, et ne veut pas dire que votre interlocuteur souhaite prendre la parole, bien au contraire. Ils sont plutôt là par politesse, pour montrer (faire croire?... parfois sans doute) que la personne s'intéresse à ce que vous racontez. Au moins en théorie, car en pratique il doit plus s'agir maintenant d'habitudes de langage. Je suis ouvert sur ce sujet (euh, sur tout le reste aussi...) à tout commentaire.
Je rajoute quelques lignes pour combler le vide (terrible,sans aucun doute) entre la rédaction de cette page et sa publication (inaccessibilité du réseau de l'ENS, pour ceux qui veulent tout savoir). Samedi soir, soirée "internationale" pour commencer, histoire de trouver des gens qui veulent apprendre le français. Malgré mon emploi du temps serré qui risque de faire de mon temps à Tokyo un vrai gruyère (je pars à Kyoto la semaine prochaine pour une conférence: la période est particulièrement bien choisie, puisque c'est LA semaine où les arbres devraient tous être rouges, dans lequel les accompagnera le porte-feuille de ceux qui ont réservé un hôtel à cette époque...), je devrais commencer sous peu un language exchange. Direction Roppongi ensuite pour l'anniversaire de mon ami et collègue de bureau Otogo: karaoké, où je me suis un peu lâché en chantant "men" de Wang Fei... ma foi, ça passe pas mal, à retenter! Puis un club dans lequel l'amie d'un ami apprenant que j'étais français m'a gratifié du rituel "bonjour, je m'appelle xxx" que finalement beaucoup de gens connaissent (connaissez-vous l'équivalent japonais????). J'ai été surpris quand elle a enchaîné dans un français presque courant! Elle avait en fait étudié le français 6 mois à Lyon en 98, et avait fait une maîtrise de philo sur... Sartre et Simone de Beauvoir. Le monde est petit.
Dimanche, j'ai retrouvé Charly Louet (de la même promo de maths que moi à l'ENS) qui est en stage dans le nucléaire au nord-est de Tokyo (là où se trouvent la plupart des épicentres de séismes ces temps-ci...). Nous sommes allé cherché une TV d'occaz' chez un franco-sénégalais marié à une japonaise (leur petite fille est trop choux'!), et partant aux USA après avoir obtenu une green card!! Puis nous avons retrouvé Miho et deux amies à elle pour un dîner à Shinjuku fort sympa.
Aujourd'hui lundi, après mon cours de japonais, la conjonction d'un petite baisse de moral et de la proximité du quartier des vendeurs de guitares a fit très mal à mon porte-monnaie... J'ai craqué pour une pédale d'effets, ok, peut-être un peu trop perfectionnée compte-tenu de mes cpacités guitaristiques actuelles, mais... bon... d'occaz'... j'vais progresser... faiblesse... enfin bref.