Je suis rentré lundi dernier de Pékin, et je trouve enfin quelques minutes pour écrire une nouvelle page, en comptant bien y mettre quelques photos prises là-bas avec mon téléphone magique. Je l'avais enmené en tant qu'appareil numérique, possédant bien évidemment un portable chinois (qui me paraît bien désuet en comparaison, et ce malgré la possibilité d'écrire en caractères, qui me faisait tant triper il n'y a encore pas si longtemps...). Le voltage étant différent (220V en Chine, 110V au Japon; il parait même qu'à l'ouest c'est du 60Hz et à l'est du 50... à ne pas vouloir faire comme tout le monde!), il fallait que j'en use avec parcimonie (mais elle est assez prêteuse, donc on ne s'est pas trop battus), et que je le recharge de temps en temps grâce aux batteries portables que vous pouvez acheter dans tout Konbini. 70 photos, au final, dont vous allez avoir droit à une sélection dans les lignes qui suivent.
Uo, Bura Bura, Fuzhuang...
A traîner sans cesse avec des Japonais, on finit par adopter leurs abbréviations, à se réunir pour un grand repas à Uo (Uotaro), prendre un verre au Bura Bura (Bla Bla Bar, ok, celle-là on l'utilise tous) ou aller faire du shopping au Fuzhuang (Wudaokou Fuzhuang Shichang, la mecque du vêtement, le plus souvent contrefait, à bas prix). Moi qui avait peur de me retrouver tout seul pendant mon séjour à Pékin, j'ai été assez vite rassuré! A Yuyan Xueyuan, il suffit de se balader dans les allées, d'aller dans le batiment des restos vers 12h15, ou plus simplement de se poser à une table de Sammies (la "cafét'" locale) pour tomber sur des connaissances. Quel plaisir de s'entendre hêler des "Eh!!! Jonathan!! Tu es de retour?? Ouaahhh, ça faisait longtemps!!" après 6 mois d'absence et un précédent passage se limitant à 2 semaines. C'est cette sensation d'être en famille, chez soi à l'échelle de tout un quartier, qui fait le vrai charme de la vie étudiante à Pékin. C'est à peu près la seule chose qui me manque à Tokyo: je commence certes grâce aux cercles à dire bonjour à des gens sur le campus, mais l'absence de cafétéria ou de point de rendez-vous "officiel", ainsi que celle de toute activité "nocturne" (j'entends après 19h) sur place est rédibitoire.
J'ai donc sans problème occupé mes journées, arrangeant mes déjeuners à l'avance, ou donnant un ou deux coups de fil pour voir qui était sur le campus. En l'absence de projet fixe pour l'après-midi, je lisais un peu à Sammies en attendant que quelqu'un arrive. Le fait de m'être mis à parler japonais m'a aussi permis de lier amitié avec pas mal de nouveaux élèves, ainsi que d'experimenter les joies de la créolisation, sautant, selon l'humeur ou le contexte, du chinois au japonais et retour! Je suis aussi allé faire un tour du côté du chantier du Grand Théatre National de la Chine, qui a à nouveau énormément avancé (quand je pense qu'il y a un peu plus de deux ans c'était un gigantesque trou...). Je vous propose une vue de face et une vue de l'intérieur. Devant retourner à la fac manger avec Oliver, je suis parti au milieu de la visite, prenant un taxi auquel je précisais d'emblée que j'étais pressé, avant de lui indiquer "Wudaokou". Il ne connaissait pas... Pour vous rendre compte du caractère hallucinnant du fait de ne pas connaître Wudaokou, disons que c'est comme si vous disiez à un taxi parisien "Vincennes, s'il vous plaît", et qu'il ne connaissait pas. J'ai tenté "Yuyan Xueyuan", le nom de la fac (-> "le zoo?"). "Connais pas". "Xueyuan lu, a partir de Xizhimen?" (disons "Porte de Vincennes, après avoir pris les quais puis le périph'"). Le mec m'a vaguement dit qu'il connaissait Xizhimen (vous n'imaginez pas à quel point c'est énorme), est parti, et là l'enfer a commencé. J'étais pressé, et ce type n'écoutait rien des indications que je lui donnais, ratant l'entrée du périph', se retrouvant à aller vers le sud et l'ouest alors que c'était plein nord... Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas autant énervé, ne comprenant vraiment pas les décisions de ce mec. Après avoir raté une deuxième fois l'entrée du périph' dans l'autre sens, j'ai finalement changé de taxi (sans payer), lui conseillant de changer de métier... Ne pas connaître, je veux bien, mais ne même pas tourner à droite quand le client vous dit de le faire, c'était vraiment au-delà de mon entendement. Je passe peut-être actuellement à la TV chinoise dans une émission de caméra cachée...
Cric-Crac
Quand je vous disais que la température montait facilement en Chine... Et bien à la sortie d'une boite de nuit (Propaganda, pour ne pas la nommer, à Wudaokou), j'ai assisté à une nouvelle scène de violence urbaine. C'est assez compliqué à raconter, d'autant plus que nous n'avons pas tout suivi, mais en gros un Coréen a commencé à se bastonner avec un Chinois, son ami lui aussi Coréen est venu le remplacer, et s'est finalement, à force de ne pas lâcher prise, retrouvé à se faire taper dessus par deux Chinois, l'un deux armé d'un cric. Sympatoche! Le plus fou dans l'histoire est que le premier Chinois n'était autre que le patron de la boite, et le second un mec qu'il était allé chercher en renfort! Que le patron d'une boite puisse bastonner un mec à coup de cric devant son propre établissement me fait vraiment hallucinner. Cela veut bien dire que ce mec a tellement de relations avec la police et autres qu'il peut se permettre absolument n'importe quoi sans souci de se faire embêter par la suite. Vive l'état de droit... Je ne dis pas que le Coréen en face ne l'avait pas cherché ou quoi ce soit; ça m'a permis de me confirmer dans l'idée que j'ai vraiment horreur de voir des gens se taper dessus, à la Télé ou dans la vraie vie. Je me retrouve toujours désarmé devant tant de bétise, les mecs s'insultant copieusement à coup de "wo xxx ni ma de xx" (où ce sont encore une fois les mamans qui trinquent), et ne baissant pas les armes, même quand le type en face à déjà mordu la poussière à plusieurs reprises.
Jungle Fire, Fire, Fire
Non, non, non, je ne me suis pas retrouvé pris au milieu d'un incendie dans la jungle urbaine pékinoise. Il se trouve que certains de mes amis japonais sont assez barges. Bon, ils le sont tous un peu, et c'est pour ça que je les adore, mais là tout de même, certains vont assez loin. Aya notamment, sous des airs inoffensifs, fait assez fort. Elle a réussi à persuader deux mecs japonais (sans doute passablement émêchés...), en plein Bla Bla Bar, à effectuer des scéances de Jungle Fire!! Rien à voir avec Jungle Speed (jeu très prisé en France, et notamment par la Gagateam en vacances), vous êtes loin. Il s'agit, ni plus ni moins, que d'abaisser un peu son pantalon, puis son caleçon (pas trop, il faut que le public, en particulier féminin, puisse regarder sans être choqué), et d'enflammer à l'aide d'un briquet ses poils pubiens, stimulé par les cris des jeunes filles de l'assistance, "Jungle Fire, Fire, Fir-----e"!!!! Et d'éteindre immédiatement, pour limiter la casse... Il paraît qu'Aya l'a elle-même fait par le passé, mais elle n'a jamais voulu réitérer l'exploit. J'avoue que j'ai pleuré de rire, et précise que je suis resté inflexible et ai réussi à préserver mon intégrité malgré les nombreuses pressions.
Portraits japonais
Points de rendez-vous obligés: Sammies où j'ai pris des cafés moccha avec Zeineb et Mako, Mayuko et sa copine Saki (vous la verrez plus loin) occupées à coudre (!!!) un ours en peluche pour l'anniversaire d'une amie, et qui du haut de leur 1m50 appellent à peu près tout le monde en accolant "senpai" à la fin du nom (cela signifie que la personne est au-dessus d'elles dans la "hiérarchie"...). Uotaro, avec une première fois Que, Hiro, et Soo, puis la semaine suivante Acchan combatif, Masato plus vivant pour très longtemps, Bon menacé par Mizuho... Tout s'est bien terminé, Que et moi avons juste dû supporter un peu Masato jusqu'au taxi, qui se met rarement dans un tel état.
Partie de campagne
Histoire de s'aérer un peu et de bouger son corps ailleurs que dans des sous-sols enfumés, il convenait pour le week-end précedent mon retour au Japon de ne pas manquer deux rendez-vous majeurs (oui, bon...). Tout d'abord, lever pour une fois de bonne heure samedi matin pour aller assister à un match des Fakes, l'équipe de base-ball composée en grande partie d'amis japonais, au sujet de certains desquels je n'aurais pas imaginé qu'ils pratiquent ce genre de sport (où il faut courir, se dépenser...). Ils m'ont très heureusement surpris, notamment Hiro, malgré cette pause un peu poltronne (il évitait simplement une balle), et le filiforme Daisuke, en fait capitaine émérite de l'équipe. Leur manager n'est autre que Sakko, à gauche sur la photo, qui passe son temps à noter les actions et les scores dans un language absolument inaccessible au profane. Après le match, qui s'est soldé par une belle victoire (3-0??), le moment fort est le débriefing: chaque joueur, membre du staff et ami ayant assisté au match est invité à dire quelques mots. Je n'y ai pas échappé, les remerciant chaleureusement d'avoir livré un beau match et de m'avoir donné envie de regarder plus assiduement la saison de base-ball japonaise venant de commencer, ce qui les a bien fait marré.
La fleur de cerisier sur le gâteau
Dimanche matin, rebelote malgré le coucher tardif et un désastreux pseudo-KFC chinois avant celui-ci. Cette fois-ci, nous avions rendez-vous à 10h à la porte sud de la fac pour partir "voir les fleurs". Il s'agissait comformément à la tradition japonaise du "hanami", de se mettre sous un cerisier en fleurs avec une bande d'amis et de passer tranquillement la journée en grignotant et -théoriquement- en buvant un peu d'alcool. Les troupes semblant marquées (tant par le nombre d'absent que chez les présents) par les fêtes de la veille, nous nous sommes essentiellement contentés de grignoter et de papoter. Il faisait un temps magnifique, et même le nombre très limité de cerisiers (une dizaine??) et les 100.000 Pékinois venus se balader dans le même parc que nous, n'ont pas réussi à troubler la bonne et calme atmosphère qui s'était créée autour de notre pique-nique. Peu de participants au départ (neuf), auxquels se sont rajoutés au fur et à mesure les retardataires, qui finissaient par nous trouver par miracle dans l'immensité du parc ("est-ce que tu vois la tour de la TV? -oui! -moi aussi..." fut la blague faite à Masato qui me téléphonait pour me demander où nous étions; la tour de la TV fait 200m de haut et est visible à 5km à la ronde... Mais celui-ci trouva un truc imparable pour se guider, en l'occurence une ligne électrique qui passait juste au-dessus de nous). Hélène était venue avec sa coloc' italienne Antonia (elles m'avaient initié aux joies des messages faits par des aveugles la semaine précédente; malgré de violentes douleurs dans le dos pendant 3 jours, il faut dire que c'est pas mal); Kaji et Yasuko (25cm d'écart entre les deux??), ainsi que Boy et un pote chinois de Que dont j'ai oublié le prénom étaient aussi de la bande. Dispersion vers 17h avec rendez-vous 2 heures plus tard dans un resto de plats cantonais. Chacun rameutant d'autres amis, nous nous sommes finalement retrouvés 22 à table (je ne sais si ça porte bonheur)!! Les gens du resto ont pas mal hallucinné, rajoutant par feux fois une table supplémentaire! J'étais bien entouré par Que et Oliver à droite et Yasuko et Saki à ma gauche. Une dernière dégustation de Soju au Yaourt et je rentrai me coucher tôt pour reposer un peu mes yeux et finir mes préparatifs de départ...
Retour en fanfleurs
Je suis rentré certes un peu tard, mais j'ai tout de même réussi à attraper les derniers rayons des soleils de cerisiers des parcs Tokyoïtes. Après avoir de nouveau vu une pub étonnante en face de la gare de Harajuku, j'ai tout d'abord découvert le parc Yoyogi-kôen et ses cerisiers, parc que j'avais réussi à confondre depuis 6 mois avec celui du temple de Meiji qui se trouve devant... Puis mercredi je suis allé déjeuner au magnifique Shinjuku-gyoen avec Taichi, qui vient de finir sa thèse sur Lautréamont et était en échange à l'ENS. Le parc était rempli de groupes de mamans avec leurs enfants, certains plus intrépides que les autres. L'herbe ne pousse pas sous les arbres, et les fleurs poussées par le vent s'amoncellent à l'orée de la pelouse... aahhhhhh, c'est beau le printemps! J'étais invité le soir chez les Minoda (les parents de la charmante Haru-chan), à l'occasion du retour de Mino-mama et Haru-chan de Kagoshima, qui rapportaient des crevettes bien vivantes, sautant partout et refusant de rester dans le plat!! Jeudi enfin, j'allais m'inscrire aux cours de japonais sur l'autre campus de Todai, ce qui m'a permis d'apercevoir un fragment d'art sanitaire... je ne sais pas si c'est très visible, mais il s'agit en gros d'un énorme tableau des relations sentimentales (amitié, amour, affinité positive ou négative...) d'un groupe d'élèves de la fac!! Certaines flèches sont très rigolotes, notamment la réciproque (droite-gauche) du "coeur" au centre en bas. La pauvre... Traduction sur commande. Enfin, je terminais mon périple floral en passant par le parc d'Ueno et le lac Shinobazu, à quelques minutes de marche de Todai, avant de retrouver Shino qui me faisait un cadeau incroyable... le DVD de l'émission spéciale d'Ainori (voir pages précédentes, le tour du monde de 7 japonais censés s'éprendre mutuellement) que j'avais râté pendant mon séjour à Pékin!!! Elle avait réussi à le graver sur son nouvel ordi, et m'en a fait la surprise! Et qu'est-ce que c'était bien... Je vous laisse sur ces bonnes paroles, et je vais retrouver les membres de mon groupe pour la réunion de rentrée! On a un bassiste à remplacer...