... colonies de vacannnnceuuuuh
L'été est vraiment arrivé. Pas pour ce qui est du temps, car cela fait déjà un mois que le bougre se maintient fièrement au-dessus des 32 degrés en journée, avec même pour la forme un record historique il y a deux semaines (39.8 degrés à Ôtemachi, en plein quartier des affaires, où les prix flambent). Heureusement qu'il fait frais la nuit, 26 ou 27 degrés... et qu'ici l'on air-conise de partout, en gardant un oeil sur les campagnes de "shou ene" (que l'on pourrait traduire par "éco d'éné"... économie d'énergie, voyons). Non, bien plus que ce soleil radieux presque quotidien, c'est du changement d'ambiance dont je veux parler. Et notamment de la multiplication des "gasshuku", des "camps" ou "colonies". Encore un "concept", une "institution" dont les Japonais sont si friands, et dont je vous avais déjà parlé il y a quelques temps (en février pour être exact, à l'occasion des vacances de fin d'études). Le "gasshuku" (littéralement "loger ensemble"), c'est l'occasion pour les membres d'un cercle, d'un club, d'un labo, d'un département, d'une bande de potes, de se retrouver 2, 3 ou 4 jours en-dehors de Tokyo, de préférence près d'un lieu facilement identifiable (mer, rivière, lac, montagne, cocktails de ces derniers éventuellement...), pour pratiquer intensivement l'activité qui vous a rassemblé pendant l'année (s'il y en a une; par exemple, pour mon cercle de volley, il s'agira de faire du volley, facile...), profiter du lieu facilement identifiable en se baignant/se promenant/ne rien faisant, et bien sûr (c'est le plus important, ce pourquoi tout le monde se joint à l'équipée) participer aux soirées bien arosées qui se termine au petit matin dans la bonne humeur et (surtout) la fatigue générales.
Je n'ai pas été oublié pour cet été, puisque j'ai été convié à pas moins de 4 de ces mini-séjours, déclinant l'invitation de mon cercle de musique (la plupart de mes bons potes n'y allaient pas), et acceptant les 3 autres. Je me suis donc d'abord retrouvé dans le "romance car", train volontairement kitsch reliant Shinjuku à Hakone, LA destination touristique préférée des Tokyoïtes depuis plus de 30 ans, en compagnie d'une quarantaine de membres du département de français de l'université de Tokyo. Au programme, ballade en bus, ballade en bateau pirate (!), ballade en téléphérique, ballade en funiculaire, et bien sûr ballade en train! On s'est fait un festival de moyens de transport en une journée ponctuée d'insectes à poils (mon simple appareil n'a pas démérité sur cette photo...), de serpents sulfureux (à moins qu'il ne s'agisse d'un dromadaire?), d'"Emergency rope" pour fuir par la fenêtre du premier étage, et d'êtres aux chaussettes mutantes!! Nakai-kun nous a même fait une démonstration spéciale de la coordination et de l'harmonie de ses majeurs manuels et podaux, tandis que Suzuki-san nous expliquait la fameuse technique japonaise pour dormir dans de petits espaces (n'essayez pas ceci chez vous sans un moniteur qualifié). Le deuxième jour, il a fait très beau et très chaud, bref le temps idéal pour visiter un musée en plein-air, en l'occurence la "forêt de statues". Assez étonnamment, les musées d'art moderne les plus impressionnants du Japon ne se trouvent pas à Tokyo (réflexe de Parisien de base...), mais à ... Hakone! Vous avez droit à un pavillon spécial Picasso pas si mal du tout, à du Henri Moore, Niki de St Phalle, Dubuffet... Et puis vous avez même le droit de prendre des photos rigolotes (c'est moi dans le cercle, très bien accompagné). Outre ces réjouissances de l'esprit, le corps n'était pas en reste avec un très agréable "onsen" (les thermes), un délicieux dîner fort copieux, et la traditionnelle séance de feux d'artifices...
Feux Floraux
Car les Japonais sont vraiment fans de feux d'artifices ("hana-bi", comme le film de Kitano, niveau caractères chinois ça donne "fleur-feu"...), et c'est un vrai plaisir d'en allumer avec eux comme d'aller à ces grandes fêtes où l'on tire 20.000 fusées (pour vous faire une idée, le feu d'artifice de la Tour Eiffel, c'est ... 3000 fusées!). Et ça aussi, c'est l'été! Lors de mon autre camp sur la plage, la séance de feux d'artifices fut un moment fort, attendu. Et les cris fusent autant que les feux, qu'il s'agisse de petits batons faisant des étincelles à tenir dans la main ou des centaines d'énormes explosions des grands rassemblement de l'été! J'ai hélas raté jusqu'à maintenant ces rendez-vous clefs de l'été (Yokohama et Sumidagawa, mais je vais aussi manquer le Tokyo Wan que j'avais vu l'an dernier), mais j'ai pu le début de la retransmission télévisée (!!!) du feu de Sumidagawa: les "idoles" habituelles sont présentes, en "yukata" (kimono d'été), idéalement placées pour pouvoir commenter la succession de fusées, qui dure tout de même plus d'une heure!! A la seconde près, le spectacle démarre, et vous avez droit à un bouquet final en continu, ponctué de tout ce que la langue japonaise peut compter de superlatifs... Ce qui est génial est que tout le monde y va plusieurs fois par an, mais que le bonheur et surtout la surprise semblent toujours renouvelés!
Déménagement
Après 6 mois d'absence sur la scène tokyoïte, la fin du mois de juillet voyait Jet Kelly faire son retour! Le groupe venait d'annoncer son "debut" sur une major, avec sur le premier single la chanson que j'aime tant en concert depuis déjà un an, "te no naka no mirai" (l'avenir qui est au creux de la main). Le groupe ne jouait que 30 minutes, mais les chansons avaient été remodelées au format concert, et ils ont donc pu jouer 7 ou 8 titres au lieu des 5 ou 6 habituels, s'arrêtant à peine entre les morceaux! Alors que je venais féliciter Hideto le chanteur après le concert, le voici qui me dit d'un seul coup: "Jonathan, attends moi une minute", puis, revenant, "viens, on va aller prendre une bière au konbini du coin!". Ce qui nous donna l'occasion de papoter 3/4 d'heure tranquillement, nous promettant de dîner ensemble la prochaine fois du côté d'Ôsaka.
Jet Kelly n'étaient pas les seuls à faire bouger les meubles: la fin du mois de juillet marquait aussi la fin de mon stage à l'Université de Tokyo, et il m'a donc fallu quitter l'internat pour retourner chez ma logeuse de l'an dernier, la si gentille Mme Kitamura. Nous nous y sommes mis à 5 pour déménager toutes mes affaires, et il fallut tout de même deux voyages! Le retour en France va être difficile...
Summer Days
Je n'avais pas vraiment saisi toute la portée des paroles de la chanson de "Do As Infinity" quand je l'écoutais dans ma chambre de l'ens... "Summer Days, fireworks and sex on the beach, what's so good about them anyway". Il semble que cela ne soit pas _que des paroles_ en l'air (si vous me suivez bien). Je ne rentrerai pas rassurez-vous dans le graveleux, mais le week-end que j'ai passé à Yumigahama, dans la péninsule d'Izu, a éveillé mes soupçons. Une fois les fédérateurs feux d'artifices passés, alors que nous discutions tranquillement sur la plage admirant une magnifique lune, le nombre de personnes présentes diminuait peu à peu et sans même que l'on s'en rende compte, sans pour autant que le nombre de ceux rentrés à la pension n'augmente sensiblement... Aaah, ces jeunes. Quelques braves étaient néanmoins présents le lendemain matin (c'est fou ce qu'on peut faire avec un logiciel de retouche... ceci étant valable pour les deux photos, d'ailleurs, ce qui est inquiétant).
Nomb(r)ilisme
Nous avions parlé la semaine dernière avec Kanako et Nanako, les deux soeurs de Minako (révisez vos classiques), d'aller voir un match de base-ball. Après tout, être au Japon et ne pas aller voir un match de base-ball, c'est un peu comme être en France et ne pas aller voir un match de foot. Ce qui signifie que ça arrive même aux locaus, comme Kanako, qui n'y était allée qu'une seule fois (mon seul match de foot reste "Matra racing - Montpellier" en 1989...). Nanako, elle, est comme son papa une fan ultime des Giants de Tokyo, connaît tous les joueurs, et certainement les chansons. Nous nous étions mis d'accord sur le fait que le match idéal était un "Yakult - Giants", rassemblant le lieu (stade de Jingu, vieux stade en plein centre de Tokyo, homeground des Yakult) et les joueurs (les Giants, donc...). Or, cette série de matchs avait justement lieu cette semaine, mais Nanako ne pouvait pas se libérer. Nous nous sommes donc retrouvés hier soir avec Kanako, Hiroe-kun et Rolf dans une ambiance à la cool, pépère même, à grignoter nos sushis, kara-age et autres edamame, sans oublier l'élément fondamental du concept "aller voir un match de base-ball": un verre de bière. En carton. Car avant d'entrer dans la tribune, on vous précise que vous ne pouvez pas emporter toutes les cannettes que vous avez achetées. Vous vous dites: "ah bah non, zut, j'ai acheté tout ça pour rien!". Et bien pas du tout, car: 1) on vous fournit une verre en carton, que l'on vous remplit du contenu de la canette que vous avez ramenée; 2) si vous souhaitez en garder pour la suite, pas de problème, on vous garde gratuitement votre sac de cannettes!! Si c'est pas incroyable, ça... Et dans l'enceinte, en cas de pénurie, des jeunes courent de droite et de gauche avec un énorme bidon sur le dos pour vous ravitailler (c'est évidemment plus cher...).
Ce qui frappe le plus quand on va voir un match de base-ball, c'est que vraiment on ne s'affolle pas des masses, on passe 3 heures tranquillou, "nombiri" comme on dit ici, à discuter et à siroter, ratant la moitié des actions, ce qui hélas dans notre cas signifie qu'on n'a pas vu grand chose (3-1 score final...). Mais le spectacle est là encore dans l'assistance, avec les fans des Giants qui gonflent et font voler des ballons de toutes les couleurs, auxquels répondent les fans des Yakult et leur fameuse (?) danse du parapluie, et puis un petit feu d'artifice des familles parce que ça fait toujours plaisir.
Friandises
L'un de mes mets préférés est sans conteste tous ces mots que le japonais invente chaque jour, les abbréviations, les constructions, les détournements... Imaginez ma joie hier quand je découvrais en regardant la télé "robe karu" (prononcez "lobékalou") dédicaçant un ballon à des journalistes ravis. "robe karu", c'est "roberuto karurosu", plus connu en France sous le nom de "Roberto Carlos"... Ou encore quand j'appris l'autre jour que le verbe "jonaru" existait! Le rapport avec mon prénom est mince, mais il est là: "jonaru", c'est l'action d'aller manger au resto "Jonathan's", comme "deniru" signifie aller chez "Denny's". Je dois reconnaître que le français n'est pas forcément en reste dans cette catégorie, où l'on pourrait imaginer des "pizza-huter", "starbucker" aux côtés du bon vieux "fluncher". A noter qu'on peut dire "takuru" pour "prendre un "takushi" (taxi)... Mais l'heureux évènement est que la famille de mes petits chouchoux, dont j'ai déjà parlé ("my car", "my home", "my pace"...), s'est encore aggrandie! Vous pouvez demander à quelqu'un ici s'il a "mai daatsu" ("my darts"= son propre jeu de fléchettes à la maison), "mai kyuu" ("my cue"= son billard à lui), ou encore "mai raket-to" ("my racket"= sa table de ping-pong personnelle)... Et si ces termes eux sont couramment employés, rien ne vous empêche d'en créer d'autres selon votre inspiration! J'aime de plus en plus cette langue, et j'en viens à ne pas pouvoir me passer d'entendre du japonais, de le parler, même si c'est parfois fatiguant de devoir chercher ses mots, et surtout de manquer de la culture commune pour pouvoir rebondir naturellement au cours d'une conversation.
Dr. Japanda
Je trouve cette pub (celle du haut) très mignonne, sans doute à l'instar de la jeune fille qui se trouve à l'intérieur du panda, Ueto Aya, qui connait un énorme succès en ce moment. En bas de la page, c'est sa date de naissance... Et oui, 1985, pfff, ça nous rajeunit pas tout ça... (appel du pied)